Et si c'était la première fois et que j'avais peur ?
La route défile, rentre dans mon oeil et s'enroule autour de mon globe oculaire. Elle ressort comme un long ruban gris... elle s'avale dans les yeux sans jamais s'arrêter.
Parfois, je la sens rentrer dans tout mon corps et descendre dans mon estomac. Je ressens l'angoisse de quelque chose de trop lourd à avaler. Trop grand trop long trop gris trop dur. Mon corps se plombe du gris du bitûme mais je suis si loin de la métamorphose. Du jour où il me poussera des ailes pour ne plus racler l'asphalte.
Voler au dessus de. Planer de douceur et regarder sans crainte aucune le monde qui tic-tac dans son illogisme forcené.
Et si c'était la première fois ? Et que j'avais peur de ce qu'il y a au bout de la route ? Pas celle que j'ai parcourue. Celle qui est devant moi et que je ne connais pas.
Le bandeau gris granuleux se ramifie à l'intérieur de mon corps : la lourdeur d'un plomb de fond de cuve si terne, c'est mou d'un coup et je ne pourrai m'en extraire. Mes bras pendent le long de mon corps. Mes jambes ne peuvent plus bouger et c'est à ce moment que je me demande qu'elle route prendre ?...
Il y a tant de premières fois dans une vie. Tant de doutes. Tant d'incertitudes qui nous rentrent dans la peau comme des aiguilles pour nous rappeler que nous sommes des petits humains vulnérables et finalement éphémères et que le mauvais choix peut être fatal.
Et pour finir sur une note plus gaie : seule l'indulgence que nous pouvons poser sur nous-mêmes peut nous sauver la vie.
Esper' vous a encore une fois fait le coup de la douche froide. Mais Esper' est un être de sang chaud, de souffle froid et de complexité. Tic tac, me voilà sur une autre route...
Et vous ? Comment choisissez-vous vos chemins de vie ?
L'aquerelle est de moi.