Week-end en normandie
Quelques jours de congés et hop ! tous les parisiens s'en vont en Normandie.
De préférence sur les planches de Deauville pour y être vus, de Trouville pour y être aperçus, de Cabourg pour jouer au golf et encore un peu plus loin... c'est moins chic et d'ailleurs il y a moins de parisiens : Ouistreham et encore un peu plus loin les plages du débarquement.
Moi, j'étais à Ouistreham ce week-end du 8 mai.
Quand on arrive dans la rue, la première chose que l'on voit, c'est un char d'assaut. Assez verdâtre bien qu'il ait été repeint il n'y a pas longtemps.
Ca fait un effet... refroidissant. J'ai beau passer devant depuis plus de douze ans, il y a comme un gloups dans ma gorge.
Mes enfants demandent : "- il a servi ce truc ?
- Oui, il a tué des gens."
Re-gloups chez tout le monde dans la voiture. Personne ne parle plus jusqu'à ce qu'on soit devant la porte de la maison.
Jeudi matin, on a décidé d'aller faire quelques courses pour remplir le frigo.
C'était sans penser que ce jour là -ben oui on est pas toujours très au fait de l'actualité- Sarko avait décidé de passer à Ouistreham.
Rues bloquée, déviations, mobilisation de flics, baignade interdite (oui ! oui ! une roquette tirée de la mer ça peut arriver!), bref, le Auchan à 10mn de la maison... on a mis quoi ? 25mn ?... quelle purge !
Et en plus on a pas vu Sarko, parce qu'on s'en fout. Il nous a juste gonflé 25mn aller, 25mn retour.
Dans l'après-midi, mon chéri et moi avons pris nos vélos pour faire un tour. Le tour du sportif du dimanche !
Derrière la maison, à quelques kilomêtres, il y a un (des nombreux) cimetière militaire anglais. Nos pédales nous ont guidées là-bas. On y va souvent, pas que les 8 mai.
Le cimetière est dans un véritable écrin de verdure, avec une trouée de prairie au milieu parfaitement plane, parfaitement tondue, parfaitement...
Nous laissons nos montures à l'entrée.
On franchit la petite barrière en fer forgé et on se laisse envahir par le silence. L'immensité du silence. Le repos éternel de ceux qui ont donné leur vie.
Les cimetières anglais sont fleuris, ce qui n'est pas le cas des cimetières américains.
On s'est assis, et on a eu beau essayé d'imaginer l'horreur, le bruit,
la peur, l'odeur, rien n'a réussi à nous arracher de la plénitude du
lieu.
On sentait l'air tiède de la fin de journée.
Et c'est dans le silence, que nous sommes repartis, en ayant toute conscience de notre chance : vivre dans un pays en paix.