Le mercredi j'ai pas de mari
"- Il rentre tard papa ce soir ?
- Oui.
- On dormira depuis longtemps ?
- Oui.
- Il sera minuit quand il reviendra ?
- Je ne sais pas, le mercredi, y'a pas d'papa.
- Il viendra me faire un bisou ?
- Oui.
- Et ça me réveillera ?
- Non, il sera trop doux, comme une aile de papillon qui se couche sur ta joue."
"- Allo Chérie ?
- Oui.
- Je suis toujours en réunion et j'en ai pour longtemps.
- Oui, je sais.
- Tu peux diner si tu veux, j'avalerai un sandwich rapidos.
- Oui d'accord.
- Et puis couche-toi, ne m'attends pas.
- Tu me feras un bisou en arrivant ?
- Oui et il sera doux comme une aile de papillon qui se couche sur ta joue."
Gros soupir.
Et je vais faire quoi moi en attendant mon papillon ?
Je mangerai pas.
Je dormirai pas.
M'en fiche, je suis en colère parce que le mercredi, je suis privée de mari.
Et si je m'inventais une histoire pour dormir ??
... sur ses joues constellées de tâches de son vient se poser le papillon. Si léger, si doux et à ne pas toucher. La poussière de couleurs qui l'habille est si fragile.
Mes doigts s'approchent et enlèvent son habit d'une pichenette malencontreuse. Pauvre papillon. Il est tombé sur mon épaule et se meurt tout décoloré.
Vite, un pinceau, ma peinture qui se mélange dans mes yeux dormants... je plonge les poils de soie douce dans le mélange vitreux et dépose par petites touches chaque pigment de lumière veloutée.
Mais le papillon se recroqueville plus vite qu'un clignement d'oeil... qu'un battement de cil.
Le papillon est mort et n'a pu embrasser de douceur et de tendresse la tristesse qui domine dans mon coeur ce soir.
Je ne dors pas. Je l'attends.
Il n'est pas question de laisser mon papillon se perdre, il a trop de joues à bisous à honorer ce soir.